Hier, Hanna Gronkiewicz-Waltz recevait la Légion d’honneur à l’Ambassade de France. En novembre, sauf surprise, elle devrait être réélue maire de Varsovie. Nous vous proposons aujourd’hui un portrait de la femme polonaise la plus influente de son temps
Ce mardi, Madame Hanna Gronkiewicz-Waltz, maire de la ville de Varsovie, s’est vu remettre les insignes d’Officier de la Légion d’honneur par l’Ambassadeur de France en Pologne. « Il s’agit de ma première reconnaissance étrangère. J’ai dû l’attendre longtemps ; son goût n’en est que meilleur. »
Le maire de Varsovie a en effet patienté trois ans et demi avant de pouvoir recevoir la fameuse médaille. Hanna Gronkiewicz-Waltz, membre de la Plateforme Civique (PO), avait été élevée au grade d’Officier de la Légion d’honneur par Jacques Chirac en avril 2007. Mais le président polonais de l’époque, le défunt Lech Kaczyński, opposant féroce du PO avait bloqué cette attribution. La récente élection de son remplaçant Bronisław Komorowski (PO) a normalisé la situation.
M. François Barry Delongchamps en remettant cette médaille a salué une « personnalité francophone et une amie de la France ». Parmi les polonais décorés précédemment par l’ambassadeur de France, on peut citer Marek Edelman (commandant de l’Insurrection du ghetto de Varsovie), Władysław Bartoszewski (ancien ministre des Affaires étrangères) ou plus récemment Anna Branicka-Wolska (membre de l’Armée de l’Intérieur qui a sauvé la vie à un soldat français pendant la Seconde Guerre mondiale).
Plus qu’une technocrate
Hanna Gronkiewicz-Waltz restera, elle, dans l’Histoire comme l’un des principaux artisans de la transition économique polonaise. C’est aussi l’une des rares personnalités polonaises à avoir occupé d’importantes responsabilités internationales.
En 1992 elle devient pour 8 ans la présidente de la Banque Nationale. Inconnue jusque là, la jeune professeur de droit n’est cependant pas la potiche que certains espèrent. Elle défend au contraire l’indépendance de la Banque Centrale d’une main de fer, assainit sans état d’âme le système bancaire du pays et impose des reformes ultra-libérales pour lutter contre l’inflation galopante.
Mme Gronkiewicz-Waltz devient alors le symbole de la rigueur budgétaire polonaise. Sa popularité profite du « miracle économique » des années 90. En 1995, elle se présente même comme candidate à la présidentielle. Certains la voient déjà battre Aleksander Kwaśniewski grâce au soutien de l’Eglise. Mais celle-ci anticipe une défaite de la candidate et au dernier moment préfère mettre ses billes sur Lech Wałesa (qui perdra finalement au second tour).
En 2001, Hanna Gronkiewicz-Waltz est nommée vice-présidente de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement. Puis en 2005, ses valeurs conservatrices et son libéralisme économique la porte naturellement vers le PO de Donald Tusk. Elle rejoint la Plateforme Civique et est élue député de Varsovie. En juin 2006, Mme Gronkiewicz-Waltz devient vice-présidente du PO, et enfin en novembre 2006 elle est la première femme à remporter la mairie de Varsovie. Elle remplace à cette position feu Lech Kaczyński, qui lui deviendra président.
Les grands travaux de madame le Maire
A ce poste, portée par une conjoncture favorable et grâce aux financements européens, Hanna Gronkiewicz-Waltz a surtout travaillé au développement des infrastructures de la ville. Sous son mandat les investissements à Varsovie ont plus que doublé comparé à la période Kaczyński.
Mme Gronkiewicz-Waltz aime mettre à son actif le lancement de ces nombreux chantiers : la seconde ligne de métro, la construction du centre Copernic, l’énorme projet d’agrandissement de l’usine de traitement des eaux usées de Czajka, le commencement d’un 8ieme pont sur la Vistule, ou la valorisation des rives du fleuve.
Au crédit du Maire, il faut aussi noter son soutien (modeste) à l’organisation de la Gay Pride 2009. Alors que Lech Kaczyński avait fait tout son possible pour entraver cet événement, Mme Gronkiewicz-Waltz a préféré laisser faire (se gardant bien toutefois d’encourager ou de participer à la manifestation).
Le 21 novembre, les Varsoviens se rendront à nouveau aux urnes pour élire leur maire. La classe moyenne jeune et urbaine de Varsovie est un électorat fidèle au PO. Même si certains dénoncent la lenteur des travaux et soulignent son manque de charisme, le maire conserve plus de 40% d’intentions de vote au premier tour. Encore auréolée d’une image de sérieux et de compétence et forte d’un bilan plutôt favorable, Hanna Gronkiewicz-Waltz a peu de chance de perdre sa place.
www.lepetitjournal.com/varsovie.html / 27 octobre 2010